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la pensee sentimentale
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2 décembre 2007

La guerre des plumes

Ce soir j'ai décidé de me joindre à quelques camarades pour une petite sauterie culturelle.

Marty déboule, enrhumé (coqueluche ?) et me gratifie d'un élégant Tu es là toi, j'aurais pu te demander de faire le papier et rentrer chez moi bien au chaud !

Ben oui, t'aurais pu mais pour ça faudrait que t'y penses mon gars. Comme quoi avant d'avoir un bureau de rédac chef faut commencer par le début. Pourtant c'est pas difficile y a que deux mots. Rédac t'a compris mais pour le chef c'est pas gagné. Parce que si tu fais tous les papiers...

Soudain, dans la voiture, un inconnu, assis sur le siège arrière, me dévisage. Je rends grâce aux années de féminisme qui m'ont précédée et je me présente, je m'appelle Françoise.

Je viens de faire la connaissance d'une plume. C'est comme ça qu'on appelle les nègres chez nous.

C'est aussi un écrivain et le propriétaire d'une voiture que personne ne songerait à brûler même en pleine émeute dans une cité tant sa carosserie bat de l'aile. Deux bonnes raisons de le trouver sympathique.

Au musée où nous arrivons avant les notables, c'est le branle bas de combat. Tout le monde tombe à bras raccourcis sur ma plume et l'interroge sur le protocole. Le problème est de taille car nul ne sait qui du ministre, du président de région, du maire, doit prendre la parole après le conservateur. Diable.

C'est le maire qui reçoit, suggère ma plume, il devrait donc parler en premier.

Après tout, chacun ses problèmes. Et celui de ma plume tient en un mot, réactivité. Il doit se tenir prêt à changer le discours qu'il a rédigé au dernier moment pour le cas où une autre plume (ils sont trois ce jour là, le conservateur ayant peaufiné son propre discours) aurait eu les mêmes idées que lui (une citation, une métaphore...). D'où l'intérêt de passer le plus tôt possible.

Aujourd'hui donc ce sera à la  plume du ministre (de toute façon c'est lui qui parlera en dernier) de se faire des cheveux.

J'écoute attentivement, dans la bouche d'un autre, le discours de ma plume qui , je dois le dire, s'en sort bien mieux même que ses confrères. J'apprends ainsi que souvent les plumes sont des énarques qui manquent un peu de fantaisie, ce qui n'est vraiment pas le cas de la mienne.

Une fois passé le temps des discours, le cocktail bat son plein. Pendant que Marty travaille et joue les grands reporters, ma plume et moi nous éclusons lentement mais sûrement. J'observe du coin de l'oeil Jérémy, notre attaché de presse culture, qui boit les paroles de son homologue ministériel, un magnifique jeune homme aux traits fins, à la veste sans faille, pas mou de la chaussure pour un sou. Bref un canon.

Quelques coupes plus tard, nous voilà repartis, vaguement plus gais qu'à l'aller. Marty semble content de lui.

On a ce qu'il faut assure-t'il, bien décidé à rentrer chez lui (21h faut pas pousser), bien que je lui ai fait miroiter un petit after underground qui valait le détour histoire de le faire bosser un peu plus.

La voiture nous dépose, les uns après les autres. Moi, plutôt guillerette et légère ...comme une plume.

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