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la pensee sentimentale
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25 décembre 2007

La vie est belle même à Noël

En revenant de la pharmacie, il faisait plutôt froid.

J'ai changé de trottoir pour aller au café tabac de l'angle de l'avenue. Une espèce de lieu immonde et puant où j'avais la vague attention d'acheter un piège à con genre tac au tac ou millionnaire (je connais pas les noms des autres).

Et il y avait ce vieux monsieur, en tous cas il faisait pas franchement jeune, accroupi sur le rebord de la vitrine d'un magasin (m'est avis que ça devait pas trop plaire aux commerçants).
Il souriait généreusement, sûrement parce qu'il avait pas à cacher des dents jaunes vu qu'il en avait plus une seule, et aussi parce qu'il était resté perché assez haut quand même.

J'ai sorti mon portefeuille, et en même temps que je cherchais de l'argent, il m'expliquait ce qu'il allait en faire. Rien que des choses simples : manger, boire, s'acheter des cigarettes. Quand il a vu le billet de 20 (heureusement que j'ai pas sorti moins parce que sinon il aurait dû faire des choix), il a poussé plusieurs oh, oh admiratifs comme si j'étais crésus et son visage s'est éclairé presqu'autant que la mairie de Neuilly, c'est vous dire.

C'est normal Monsieur, vous le méritez bien, c'est Nöel.

Ne me demandez pas d'où m'est venue une phrase pareille. Ce type a peut-être battu sa femme, terrorisé ses enfants pendant des années, claqué tout son pognon au jeu, éclusé l'équivalent des caves de l'Elysée ou sniffé de la neige articifielle. Ou rien de tout ça, auquel cas, c'est bien plus qu'il mérite et sûrement pas un sale petit billet pour me donner bonne conscience avant d'aller baffrer, picoler, donner et recevoir.

Cette phrase était tellement con qu'elle m'a trotté dans la tête.

Dans mon bain (oui je me lave),  je revoyais mon bonhomme. Un vrai clochard de cinéma.

Sauf que là on était dans la vraie vie. Il devait se sentir sale, salement seul et il faisait salement froid.

Et je me suis dit que c'est pour ça que j'aimais tellement la photo, le cinéma, les romans, la peinture (curieusement la musique j'm'en tape, sauf le jazz et la variété, c'est vous dire). Et les artistes. Ces gens formidables qui partent de la vraie vie et qui nous la recrachent sur toile, grand écran, papier glacé ou pas. Ces gens élégants qui nous donnent de vraies émotions SANS nous faire souffrir. Ces magiciens qui font du beau, souvent avec du laid (parfois ils se plantent et font du laid avec du beau, mais bon, personne n'est parfait). 

Ouais, j'ai donné un petit billet à un clochard de cinéma et c'est ça qui m'a permis de rentrer chez moi, sans pleurer sur la misère du monde et de croire que la vie est belle.



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